Rester calme et garder le cap en maintenant ses placements en période de volatilité des marchés
Le terme « volatilité des marchés » appartient au domaine des placements et sert à décrire une période de mouvements imprévisibles et parfois brusques des cours d’un marché ou du prix d’un actif. Bien qu’il s’agisse d’un terme neutre désignant des variations à la hausse ou à la baisse des cours, on l’utilise habituellement lorsque les cours chutent ou dans le cas de liquidations massives. Â
L’aversion des professionnels des marchés pour le terme explicite de repli du marché est la même que celle éprouvée par les investisseurs en général à l’égard des faibles cours. Elle est si profonde qu’ils n’aiment pas entendre ou lire ces mots! Cela peut se comprendre dans la mesure où les cours faibles donnent ordinairement des rendements négatifs, avec pour résultat des investisseurs et des clients mécontents. Â
La volatilité des marchés fait vivre une expérience déplaisante à la plupart des investisseurs. Pour éviter un tel désagrément, ceux-ci ont le réflexe de liquider leurs actifs pour se retirer du marché ou limiter les pertes – réaction de fuite instinctive, comme si leur portefeuille financier était un buffle se trouvant à un point d’eau et que les marchés financiers étaient des crocodiles. Toutefois, si l’on en croit les données statistiques, le système nerveux sympathique ne constitue pas la meilleure source de conseils financiers.Â
Les chutes importantes et soudaines des marchés financiers ne sont pas rares. Cependant, vous avez probablement fini par prendre conscience que les reculs font partie intégrante de l’évolution normale des placements. Considérons, par exemple, les variations du rendement du plus important indice boursier, soit le S&P 500, entre 1948 et 2017. Pendant cette période, l’indice a accusé un recul de 5 % trois fois par année, de 10 % environ une fois par année, de 15 % à peu près tous les 3 ans et demi et de 20 % tous les 6,3 ans. Â
Si elles ne sont pas rares, les périodes volatiles demeurent difficiles à traverser, même pour les investisseurs les plus expérimentés. Éviter les replis ou vendre quand les cours sont élevés, pour racheter lorsqu’ils ont baissé, représente un exploit notoirement difficile et nécessitant parfois un peu de chance et de prévoyance.Â
Occasions manquées
Même les investisseurs les plus sophistiqués ne peuvent prévoir les mouvements des marchés, bien que les clients de certains d’entre eux puissent croire le contraire. Les décisions politiques, la politique monétaire, la politique fiscale, l’activité économique, la pandémie mondiale, les chocs géopolitiques ne sont là que quelques exemples de facteurs influant à divers degrés sur les mouvements des cours et ayant chacun une portée propre. Si l’évolution de certains de ces facteurs peut être prévue, d’autres facteurs restent bien sûr imprévisibles. Â
Un investisseur qui n’est pas parfaitement ou presque parfaitement synchronisé ratera les reprises éventuelles. Deux données majeures témoignent de la précarité d’une synchronisation avec le marché :Â
- Les meilleures journées des marchés suivent généralement les pires chutes. Par exemple, entre 1929 et 2011, le rendement moyen sur 12 mois de l’indice S&P 500 immédiatement après un recul d’au moins 15 % a atteint… 55 %! Ce qui porte à croire à l’existence d’une association entre les ventes effectuées sous l’effet de la panique et les occasions manquées de profiter d’un potentiel de hausse. Â
- Le fait de rater même quelques jours de rendement positif des marchés peut avoir un effet énorme sur un portefeuille. Tout investisseur qui a raté les 10 meilleures journées de hausse des cours de l’indice composé S&P/TSX au cours de la période de 10 ans se terminant le 31 décembre 2020 a obtenu un rendement inférieur d’environ 40 % de son portefeuille. Le fait de n’avoir pas profité des 20 meilleures journées de hausse pendant la même période de 10 ans se sera traduit par un rendement inférieur de 55 %.
Viser un horizon à long terme
Comme nous l’avons déjà mentionné, malgré leur pessimisme apparent durant les périodes de « volatilité » accrue, les marchés rebondissent souvent assez rapidement. Même si l’indice S&P 500 subit en moyenne une correction à deux chiffres par année, il a terminé 31 années civiles sur 41 avec un rendement positif. Â
De même, l’enregistrement d’un rendement négatif à long terme d’un portefeuille bien diversifié et équilibré (60 % d’actions et 40 % d’obligations) est historiquement très peu fréquent. Les rendements calculés sur une période mobile de cinq ans pour un portefeuille mondial équilibré constitué d’actions et d’obligations ne comprennent aucune valeur négative entre 1979 et 2020.Â
À la question de savoir si le marché croîtra d’ici un an ou trois ou cinq ans, la plupart des investisseurs répondront par l’affirmative, et les données appuient massivement cette réponse. Â
Volatilité signifie occasion Â
Les fluctuations prononcées des cours offrent aux gestionnaires de fonds l’occasion de positionner plus favorablement les portefeuilles, le calcul du rendement des actifs reposant en partie sur leur valeur d’entrée. La crise des marchés peut entraîner une diminution des cours qui les rend artificiellement bas, malgré les perspectives à long terme pour les actifs, créant ainsi d’excellentes occasions d’achats. Pour mieux positionner les portefeuilles à long terme, les gestionnaires actifs peuvent ajuster leur composition en procédant de manière réfléchie.
Conclusion
S’il y a un enseignement à tirer des cinq dernières années, c’est que les marchés demeurent un sujet d’inquiétude permanent pour les investisseurs. Aucune année ne se déroule parfaitement bien. Sans sous-estimer nos principaux risques, il faut quand même être conscients que les marchés se corrigent eux-mêmes à mesure qu’ils comprennent mieux les risques existants et que ceux-ci changent, en fin de compte, jusqu’à disparaître. Par conséquent, la meilleure approche pour le détenteur d’un portefeuille diversifié consiste à se concentrer sur un horizon à long terme et à se dire qu’il y a beaucoup de bruit pour rien. Â