Au 1er janvier 2022, les obligations du gouvernement canadien sur 10 ans rapportaient un rendement de 1,43 %. À la fin octobre, le rendement de ces mêmes obligations avait plus que doublé en l’espace de 10 mois, pour atteindre 3,25 %. Ce changement, bien que relativement minime, a eu une incidence majeure sur le marché des obligations. Que s’est-il passé, et quelle sera l’incidence sur les portefeuilles et sur des investisseurs? Â
En termes simples, le coupable est le resserrement de la politique monétaire des banques centrales dans le but de tempérer le taux d’inflation plus élevé que prévu au moyen d’une hausse des taux d’intérêt à court terme. Seulement les investisseurs ont réagi en modulant leur attentes vis-à -vis du rendement attendu des actifs à revenu fixe, et par anticipation, les rendements se sont relevés partout sur la courbe de rendement.
Pour les investisseurs, la hausse rapide des rendements représente un retour à un marché de placement en fonction du revenu qui a été absent depuis la crise financière mondiale de 2008. De même que lors de la crise de la COVID-19, vous vous souviendrez que les banques centrales avaient répondu rapidement et agressivement en abaissant les taux à court terme pour rétablir le calme sur les marchés financiers. Bien que cette mesure ait certes obtenu l’effet escompté, soit de stabiliser les marchés, elle a aussi fait en sorte que les taux d’intérêt et les rendements obligataires ont été extrêmement bas pendant une décennie. En fait, ce mouvement récent à la hausse du rendement des obligations du gouvernement canadien sur 10 ans qui donne un rendement de plus de 3,0 % ne s’est pas produit depuis plus de dix ans.
Est-ce que les rendements obligataires plus élevés offrent aux investisseurs une occasion d’investir?
À l’instar du rendement des obligations du gouvernement canadien sur 10 ans, le rendement du marché de titres à revenu fixe général représenté par l’indice FTSE Canada All Corporate Bond a également plus que doublé passant d’un rendement de 2,3 % à 5,2 %. Naturellement, les investisseurs seront tout à fait disposés à accepter plus que le double du rendement sur le même ensemble d’actifs (à savoir, un rendement plus élevé sans, à peu près, aucun risque supplémentaire).
Toutefois, comme les actifs sont généralement compris dans un portefeuille diversifié, il faut évaluer la hausse récente des taux obligataires dans un contexte relatif ou comparé par rapport aux rendements attendus d’autres types d’actifs. En comparant spécifiquement aux actions, l’indice S&P/TSX 60 (pondéré en fonction du marché) a eu un taux de dividende d’environ 3,0 % au cours de la dernière année. Naturellement, les actions offrent aussi la possibilité d’une appréciation du capital en plus d’un rendement en dividendes et lorsqu’ils sont combinés, ils offrent aux investisseurs la possibilité d’obtenir un rendement supérieur à celui d’un indice obligataire. Mais c’est ce qui rend également le cours des actions plus volatil (et donc plus risqué). Avec le marché obligataire des sociétés canadiennes offrant un rendement supérieur, les investisseurs devraient réévaluer si le rendement supplémentaire éventuel offert par les actions vaut effectivement le surplus de risque.    Â
Avant 2022, une décennie de marchés des actions à la hausse combinée avec des taux de rendement obligataire bas a donné aux investisseurs peu de choix, sinon d’opter pour les actions comme moyen d’atteindre leurs objectifs financiers. Toutefois, le doublement des rendements obligataires a permis aux investisseurs de réévaluer leurs options de placement. De concert avec une volatilité historiquement faible comparativement aux actions, les titres à revenu fixe ont commencé à paraître plus « intéressants » aux investisseurs qui cherchent à obtenir un revenu stable avec (éventuellement) une volatilité inférieure et cette situation devrait être perçue comme une option « de plus en plus concurrentielle » lorsqu’elle est comparée aux actions. Â