Aperçu économique
C’est avec une infinie tristesse que nous avons tous été témoin des terribles souffrances humaines causées par la brutale invasion de l’Ukraine par la Russie. Il est important pour nous d’exprimer notre soutien au peuple ukrainien et de lui offrir nos pensées les plus sincères pour son indéfectible courage et sa détermination.
Alors que les marchés ont fait face à des pressions inflationnistes persistantes et à la perspective d’une hausse des taux d’intérêt au début du trimestre, les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont exacerbé ces préoccupations et causé davantage d’incertitude. Résultat : une correction de 5 à 10 % pour la plupart des marchés et une augmentation de la volatilité.
Tout au long du trimestre, alors que la production économique et les données sur l’emploi sont restées pour la plupart stables, l’inflation a atteint son plus haut niveau depuis des décennies, soit 7,9 % aux États-Unis en février et 5,7 % au Canada au cours de la même période. Les principales causes de cette hausse sont la flambée des prix des produits de base en raison de problèmes de chaîne d’approvisionnement et, dans une moindre mesure, les politiques de stimulation des banques centrales et les pénuries de main-d’œuvre et de logements. L’invasion de l’Ukraine par la Russie et la dévastation de l’économie ukrainienne, ainsi que les sanctions exercées sur la Russie ont fait en sorte d’accroître les pressions inflationnistes par l’intermédiaire des hausses du prix des produits de base, étant donné que la Russie et l’Ukraine sont de grands exportateurs d’énergie, de matières et de denrées alimentaires.
On s’inquiète de plus en plus du fait que la Réserve fédérale américaine pourrait se trouver à la traîne parce qu’elle a attendu avant de relever les taux d’intérêt, alors que l’inflation est pratiquement quatre fois supérieure au taux cible de 2 % par année. La Fed, comme d’autres banques centrales, a maintenant mis en place des mesures dynamiques de normalisation de sa politique monétaire en raison des craintes de voir l’inflation s’accélérer. En réponse à la perspective d’une hausse des taux d’intérêt plus importante que prévue et d’une augmentation des prix, les rendements des obligations à 2 et 10 ans aux États-Unis se sont inversés à la fin du trimestre, mais pendant une courte période seulement.
La capacité des courbes de taux inversées à prédire l’avenir et les liens de ces courbes avec les récessions ont fait couler beaucoup d’encre. Alors que certains observateurs y croient dur comme fer, d’autres se questionnent plutôt sur la durée relative des inversions, à savoir laquelle est la plus pertinente, ainsi que sur le laps de temps qui sépare les inversions et le début d’une récession. Quoi qu’il en soit, lorsque les taux à court terme se situent au même niveau et à un niveau supérieur aux taux à long terme, les marchés signalent un ralentissement de la croissance économique.
Marchés des actions
Après une année 2021 des plus solides, la perspective d’un resserrement de la politique des banques centrales a entraîné une vaste réévaluation des valorisations, ce qui a fait chuter la plupart des marchés des actions au cours des deux premiers mois de 2022.
Une grande partie du repli est attribuable aux secteurs de croissance qui ont excellé pendant la pandémie. Les secteurs de valeur, quant à eux, se sont avérés plus résilients.
À la mi-mars, au plus fort de la chute, les pertes subies par le S&P 500 et le Nasdaq, très orienté sur les titres technologiques, s’établissaient respectivement à près de – 13 % et à environ – 20 %.
Une exception de taille qui confirme la règle : le rendement stable du S&P/TSX, plus axé sur les produits de base, au cours de la même période. L’exposition relative du Canada aux secteurs de l’énergie et des matières a tiré profit de la hausse du prix des produits de base en raison des pressions inflationnistes accrues, une situation que l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’a fait qu’empirer, bien entendu.
Au cours des dernières semaines de mars, alors que les marchés stagnaient en position de repli, la perspective d’une possible résolution du conflit en Ukraine (ainsi que des vœux pieux) a généré une hausse impressionnante des actions mondiales. Le S&P 500 a progressé de près de 9 % par rapport aux faibles niveaux atteints à la mi-mars, et le Nasdaq a atteint 13 %. Le rendement de ces indices à la fin du trimestre s’est donc chiffré respectivement à -5 % et à -8,9 %.  Les actions chinoises ont aussi terminé le trimestre en force, alors que les craintes de voir leur cote radiée des bourses américaines se sont atténuées et que Beijing a fait usage d’une politique monétaire pour appuyer le prix des actifs. À la fin du trimestre, l’indice canadien S&P/TSX était considéré comme l’un des indices les plus performants au monde, avec une hausse de 3,1 %.
Le secteur de l’énergie a connu le meilleur rendement, et de loin : en ce qui concerne l’indice S&P/TSX, le rendement de ce secteur s’est chiffré à 27,4 %, en raison de la forte augmentation des prix du pétrole brut (WTI +33,3 %) et du gaz naturel (NYMEX +51,3 %). Le secteur des matières s’est classé deuxième en ce qui a trait au rendement (+19,7 %) malgré la hausse des prix des produits de base. Le secteur des technologies de l’information a connu le pire rendement, avec une baisse de 35,5 %, ce qui s’explique en grande partie par l’effet de la hausse des taux d’intérêt sur les titres de croissance à long terme.
Marchés des titres à revenu fixe
La volatilité ne s’est nullement limitée au marché boursier : la hausse des taux et de l’inflation a en effet fait grimper en flèche le rendement des obligations en début d’année. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué l’interruption temporaire de la tendance  à  l’aplatissement  de  la  courbe  des  taux, car  les
conséquences potentielles sur la croissance économique ont stimulé la demande pour des valeurs refuges, ce qui a fait baisser les rendements dans la partie courte et moyenne de la courbe. Ce n’était toutefois que temporaire, car la hausse de l’inflation, conjuguée aux propos plus fermes des banques centrales, a continué de faire grimper le rendement des obligations.
Au cours du trimestre, le marché obligataire ne s’est pas fait très rassurant pour les investisseurs, alors que la hausse importante et rapide des rendements a entraîné une baisse de -7,0 % de l’Indice des obligations universelles FTSE Canada. Aux États-Unis, les obligations d’État ont subi l’un des pires trimestres jamais recensés sur le plan des rendements, alors que l’indice U.S. Treasury Master a baissé pour se chiffrer à -4,5 %.
Les obligations à court et à long terme ont subi des pressions, alors que l’Indice des obligations globales à long terme FTSE Canada a subi une baisse de -11,6 %. Les obligations de sociétés ont également enregistré des rendements négatifs : le rendement des indices FTSE Canada de l’univers des obligations de société a baissé de -6,8 % à la fin du trimestre, ce qui est inférieur au rendement des obligations d’État. Les écarts de taux concernant les obligations à haut rendement ont été plus importants que ceux des obligations de sociétés de qualité, mais le rendement total, compte tenu de leurs revenus plus élevés, leur a permis de produire un rendement relativement moins négatif.
Comme l’inflation est plus persistante et plus généralisée que ce qui avait été prévu initialement, et comme la demande de main-d’œuvre continue à dépasser l’offre disponible, les responsables des banques centrales ont exprimé leur engagement et leur détermination envers la prise de mesures nécessaires pour rétablir la stabilité des prix. La Réserve fédérale américaine a relevé son taux d’intérêt de référence de 0,25 % le 16 mars, à l’instar de la Banque du Canada deux semaines auparavant. D’ailleurs, la Banque du Canada a relevé à nouveau le taux pour le porter à 0,50 % peu après la fin du trimestre.
Les prévisions pour le bilan de la Fed, qui a été gonflé au début de la pandémie, comme ce fut le cas lors de la crise financière mondiale, s’avèrent possiblement plus intéressantes. Dans les mois à venir, on s’attend à ce la Fed commence à « réduire » son bilan, ce qui se traduit par l’arrêt des réinvestissements dans les titres du Trésor arrivant à échéance et dans la partie principale des liquidités liées à des titres adossés à des créances hypothécaires, comme elle l’a fait en 2017-2019. Il convient de rappeler que la dernière fois que la Fed a réduit son bilan, les taux d’intérêt à court terme ont grimpé en flèche et les marchés boursiers ont connu une volatilité considérable.
Positionnement du portefeuille
Après une solide reprise postpandémique, le cycle économique actuel semble faire preuve de maturité face aux vents contraires de fin de cycle que sont la hausse des taux d’intérêt,
l’inflation des prix des salaires et le pic potentiel des marges bénéficiaires, tandis que l’inflation surpasse les attentes initiales en raison des risques géopolitiques. Par conséquent, les actifs à risque pourraient nécessiter une prime plus élevée, du moins à court terme.
Naturellement, l’invasion de l’Ukraine accroît l’éventail des conséquences potentielles à long terme, notamment une nouvelle guerre froide, l’augmentation des dépenses militaires, la prolifération des armes nucléaires, la démondialisation et la motivation accrue pour un virage vers les énergies renouvelables (et l’abandon du recours au gaz produit en Russie).
Si les prévisions de croissance de la consommation et du secteur privé restent positives, les risques de ralentissement de la demande ont augmenté.
Sur une note positive, la récente volatilité a fait augmenter les valorisations des actions et des obligations, ce qui donne des occasions d’investissement potentiellement intéressantes dans ces deux catégories d’actif, alors que l’étau causé par les interruptions dans la chaîne d’approvisionnement se desserre et que le prix des produits de base reprend (peut-être) son cours, ce qui aura un effet stimulant.
Les risques géopolitiques à court terme demeurent considérables et variés, mais leurs incidences sur les marchés ont tendance, par leur nature, à être temporaires.
Les principes fondamentaux du risque lié au crédit à l’heure actuelle et la rentabilité des entreprises n’ont en fait pas changé et demeurent très solides, ce qui confirme à nouveau l’avantage d’un accent plus prononcé sur les placements à long terme.
Les turbulences sur les marchés ne sont jamais bien plaisantes. Comme nous observons de près l’historique des marchés, nous en sommes venus à constater un fait : les investisseurs doivent se montrer patients lorsque les marchés sont en baisse, afin de pouvoir en tirer des rendements intéressants à long terme.
La position de nos portefeuilles demeure favorable aux actions par rapport aux obligations. L’objectif est de détenir suffisamment de liquidités pour couvrir 12 à 24 mois de dépenses, de se doter d’une certaine protection contre l’inflation et de détenir des titres d’entreprises solides aux modèles d’affaires adéquats qui continueront à prospérer même dans des conditions économiques changeantes. Nos sous-conseillers demeurent conscients des risques susmentionnés : ils ont amélioré la qualité de crédit des portefeuilles d’obligations et ont fait des ajouts sélectifs aux portefeuilles d’actions, soit des actions qui sont susceptibles de croître.